Transition Ecologique

La transition écologique est « une évolution vers un nouveau modèle économique et social qui apporte une solution globale et pérenne aux grands enjeux environnementaux de notre siècle et aux menaces qui pèsent sur notre planète ». 

A l’ANEIC, nous nous mobilisons depuis 2020 sur cette thématique à travers de la sensibilisation auprès de nos réseaux d’associations et d’élu·e·s. Nous avons également un projet annuel autour de ce sujet : la Semaine de Lutte contre la Pollution Numérique (SLPN). Cet événement se déroule chaque mois de mars et permet des actions de sensibilisation, de communication et d’activités en présentiel afin de présenter les enjeux du numérique responsable. Il s’agit là d’un de nos principaux projets de notre structure.

Pour un ESR plus responsable numériquement

Depuis mars 2022, l’Association Nationale des Etudiant·e·s en information et Communication (ANEIC) est à l’origine de la Semaine de Lutte contre la Pollution Numérique (SLPN). L’objectif derrière ce projet est de sensibiliser la population étudiante, mais pas que, à un sous-aspect de la transition écologique, à savoir le numérique responsable. 

La première édition de la SLPN avait une portée très informative et rassemblait des informations ainsi que des défis du jour afin de sensibiliser et de faire découvrir cette thématique aux étudiant·e·s mais aussi au reste de la population. Ainsi, des utilisations responsables du numérique ont été proposées et ont permis de conscientiser de manière globale notre impact écologique du numérique. 

Cette seconde édition a la volonté d’aller plus en profondeur dans la thématique du numérique responsable afin d’évoquer la situation plus précisément auprès des universités, mais aussi des acteurs locaux, régionaux ou encore nationaux. 

Cette contribution établit alors le constat actuel de l’impact écologique, social et sociétal du numérique à la fois dans les universités mais aussi dans la société de façon globale. Cette thématique n’est pas toujours traitée dans les établissements d’Enseignement Supérieur, que ce soit au sein des formations mais également de manière factuelle avec les environnements numériques de travail, qui peuvent être énergivores. Des gestes simples et durables peuvent être adoptés pour limiter l’empreinte que nous laissons au travers de notre utilisation des outils numériques.

Nous évoquerons également l’accessibilité que doivent avoir les outils numériques dans les établissements de l’ESR pour les étudiant·e·s dyslexisques ou possédant tout autre handicap visuel ; 40 000 étudiant·e·s souffriraient de handicap, dont 25% de trouble du langage et de la parole (source). Il est donc nécessaire de posséder dans les universités des outils permettant à tous les étudiants qu’elles qu’ils soit d’avoir un bon usage du numérique. Cette contribution fera aussi état de la fracture numérique actuelle des étudiant·e·s, parfois les plus précaires, lesquel·le·s manquent du matériel pédagogique nécessaire, notamment en Information-Communication.

Tous les sujets évoqués dans cette contribution serviront alors à notre plaidoyer et à une série de revendications que l’ANEIC, par ses associations adhérentes, ses élu·e·s et son Bureau National, auront à cœur de porter dans toutes les universités de France, pour un ESR plus responsable numériquement.

Axe 1 : 

L’empreinte carbone est définie par la quantité de gaz à effet de serre émise par nos actions et activités, par la consommation d’énergies et de matières premières, que l’on soit un individu, un groupe, une organisation ou un territoire. Elle est mesurée en CO2 (1T = un aller retour Paris/New-York en avion).

La calculer permet de connaître les solutions que nous voulons et pouvons apporter à la diminution d’émissions de gaz à effet de serre.

L’effet de serre est déséquilibré par les activités humaines, en particulier l’utilisation des énergies fossiles. Celles-ci provoquent l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et, par conséquent, accentuent le réchauffement de notre planète. Le CO2 (dioxyde de carbone) représente près de 2/3 des émissions mondiales de gaz à effet de serre induites par les activités humaines et a la particularité de rester présent longtemps dans l’atmosphère.

Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), un citoyen français émet en moyenne neuf tonnes de CO2 par sa consommation énergétique directe et douze tonnes par sa consommation énergétique indirecte. Les accords de Paris espèrent revenir à deux tonnes par citoyen d’ici 2050.

Le changement climatique a donc des effets concrets sur notre planète, sur les espèces, les individus et la société. Nous pouvons déjà citer la modification des éléments naturels, avec les épisodes de sécheresse et de canicules de plus en plus fréquents et de plus en plus impactants. Également, les inondations et la montée du niveau de la mer qui va venir bousculer nos littoraux dans les prochaines décennies, sont des effets du changement climatique actuel. Ces changements ne peuvent être ignorés, tant ils se multiplient par leur récurrence et leur puissance.

Aujourd’hui, la température moyenne planétaire a progressé d’environ 1,1 C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900). L’augmentation de la température moyenne planétaire pourrait atteindre probablement 1,5°C entre 2021 et 2040. Le réchauffement de la planète ne peut être ignoré désormais et mettent en danger à la fois des populations (avec la grande sécheresse par exemple), entraînant des exodes de millions de personnes vers des pays moins touchés à l’heure actuelle, mais aussi des espèces animales (fonte des glaces, difficulté de trouver de la nourriture, manque d’eau, etc.). 

Les preuves du réchauffement climatique et de ses effets ne sont plus discutables. De multiples conventions et accords entre états voient le jour chaque année mais les gouvernements ne semblent pas prendre en compte la gravité de la situation de notre planète. L’inaction des décideurs ne doit en aucun cas nous décourager dans nos actions quotidiennes de sobriété énergétique.

Focus sur les Objectifs du développement durable : Les ODD sont 17 objectifs de développement durable placés dans l’agenda 2030 des États membres des Nations Unies. Ils ont pour ambition de lutter efficacement pour le développement durable, pour une transition écologique solidaire, tout en effaçant la pauvreté et les inégalités mondiales. Le numérique, par certains aspects, se retrouvent dans quelques objectifs, comme le 12e sur la consommation responsable.

Le numérique est une activité humaine qui a également un impact écologique prononcé sur plusieurs paramètres. Les émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique sont liées principalement aux équipements (47%), plus que les infrastructures réseau (28%) ou les data center (25%). Dans son utilisation, le numérique représente de 5.5% à 10% de l’électricité mondiale. Un chiffre qui peut paraître dérisoire mais qui n’est pas anodin, tant il exprime la nécessité d’adopter des mesures responsables sur le numérique. L’électricité, et nous l’avons observé ces derniers mois avec le risque de coupures et la mise en place de plan de sobriété dans plusieurs universités pour limiter la consommation directe, n’est pas une ressource infinie et sa production, de plus en plus nucléarisé en France, n’est pas sans risque pour l’environnement. Il devient donc nécessaire d’agir en cela.

L’ANEIC demande d’aller plus loin dans l’intégration des outils numériques dans les plans de sobriété énergétique. Cela passerait par la réduction de la puissance des réseaux informatiques entre 22 heures et 6 heures du matin dans les locaux des universités et de paramétrer la luminosité automatique des écrans des universités en fonction de la luminosité ambiante. C’est également un geste écologique que nous pouvons tous et toutes mettre en place de manière personnelle dans notre quotidien, qui est aussi conseillé pour éviter la fatigue visuelle.

L’ANEIC demande l’arrêt automatique de tous les équipements numériques en veille systématiquement après 22 heures dans tous les établissements des universités, quelle que soit la période de l’année ou si un plan de sobriété est en action ou non. Un équipement en veille continue de consommer et à générer des données, ce n’est donc pas responsable écologiquement de les laisser en veille.

L’ANEIC demande la mise en place de communication et de formation pour les personnels des universités sur les gestes écologiques et responsables au travail au sujet du numérique. Ces formations devraient être annuelles et obligatoires pour tout nouvel·elle employé·e. Des acteurs locaux existent sur chaque territoire pour appliquer ce type de formation, il conviendrait ainsi aux services de Ressources Humaines de chaque université de prendre contact avec ces structures.

Axe 2 : 

La fabrication des ordinateurs et de tout outil numérique pose des questions sociétales et environnementales certaines.   

Selon Green IT en 2019, la fabrication des équipements utilisateurs représentent 30% du bilan énergétique mondial, 39% des émissions de gaz à effet de serre, 74% de la consommation d’eau et 76% de la contribution à l’épuisement des ressources abiotiques (tout élément naturel non vivant et pas créés par l’activité humaine). Ces chiffres sont alarmants et prouvent une nouvelle fois l’impact du numérique, et plus spécifiquement de la fabrication des équipements sur l’environnement. 

Avec l’arrivée de la 5G et sa généralisation, le nombre d’objets connectés ne va faire qu’augmenter durant les prochaines années, avec les différentes innovations et progrès que cette fonctionnalité propose. En 2020, Statistica estimait à 75,44 milliards d’appareils connectés en activité d’ici 2025, c’est deux fois plus qu’en 2020 (30,73 milliards).

  • Impact environnemental 

Au niveau environnemental, la fabrication d’un ordinateur et de tout outil numérique est problématique. Selon l’Institut numérique responsable, deux tiers des métaux sur Terre sont utilisés dans l’informatique, ce qui crée une pénurie de plusieurs matières premières, le plus souvent assez rares. Certaines matières premières sont menacées de disparaître, certaines sont déjà épuisées et d’autres sont compliquées à trouver car elles se trouvent en terres de conflits politiques ou armés.

On peut citer l’exemple de la crise des semi-conducteurs en 2021, impactant fortement le secteur informatique, ou encore le secteur automobile. Cette crise avait démarré après une année 2020 fortement touchée par la crise sanitaire. Seulement, avec l’arrêt, ou du moins le ralentissement des fonderies, et la hausse du télétravail et donc de l’achat d’outils numériques, ces pièces nécessaires à notre société actuelle et à beaucoup de technologies étaient devenues rares. Cela prouve notre dépendance à la technologie.

Les obsolescences de nos outils numériques sont également une charge écologique impactante et concernent l’ensemble de nos outils numériques. Il en existe quatre types : l’obsolescence indirecte (trop énergivore donc oblige au changement), directe (fin de vie du programme), obsolescence d’incompatibilité (car de nouveau formats non adaptés apparaissent chaque jour) et perçue (effet de mode). Quel que soit le type d’obsolescence, cela nous oblige à changer de matériel numérique, poussant à l’achat et impactant encore plus l’environnement. 

L’ANEIC demande le remplacement de tous les ordinateurs énergivores au sein des universités par des équipements plus durables et écologiques.

L’ANEIC demande à ce que tout appareil numérique soit éteint et débranché lorsqu’il n’est pas utilisé au sein des services des universités et dans les salles informatiques.

Pour la fabrication d’un ordinateur, il faudrait : 

  • 240KG de combustibles fossiles
  • 22KG de produits chimiques
  • 1,5 tonnes d’eau

Ces chiffres sont alarmants et sont encore plus inquiétants quand on pense au nombre d’ordinateurs vendus chaque jour dans le monde (8500 en moyenne). La fabrication d’un ordinateur et de tout outil numérique a un impact écologique massif et vient mettre à mal plusieurs écosystèmes, notamment marins. Pour donner un autre exemple, le numérique émet désormais plus d’effet de serre que l’aviation civile et représente 2 à 3 fois l’empreinte écologique de la France au niveau mondial. 

D’après l’ADEME, un ordinateur portable émet, sur tout son processus de fabrication (extraction de matières premières jusqu’au transport), sur son utilisation et son recyclage pas moins de 169kg de CO². Une unité centrale bureautique émet 189kg de CO², 394kg pour une unité centrale haute performance et 236kg pour un écran de 21.5 pouces. 

Ces chiffres sont alarmants et confirment le fort impact environnemental de la fabrication et de l’utilisation des outils numériques.

Un smartphone fait quatre fois le tour du monde avant d’atterrir dans nos mains, selon l’ADEME. En effet : l’extraction et la transformation des matières premières se fait en Asie (qui regroupe également la fabrication des composants et l’assemblage du smartphone), Australie, Afrique et Amérique du Sud, alors que la conception débute aux Etats-Unis. Les objets sont ensuite envoyés à travers le monde !  Plus de 70 matériaux différents sont nécessaires pour fabriquer un smartphone nouvelle génération, deux fois plus que les anciens.

Selon l’ADEME, la fabrication des smartphones représente 75% des effets d’épuisement des ressources et d’atteintes à la biodiversité, notamment à cause des écrans et des composants électroniques. La distribution et l’utilisation des téléphones représentent les derniers 25%.

L’impact écologique de la fin de vie des smartphones dépend de s’ils sont recyclés ou non. Seulement 17% des outils numériques sont recyclés selon l’Institut du numérique responsable.

L’ANEIC demande la mise en place de processus de recyclage des équipements numériques internes dans les universités.

L’ANEIC demande la mise en place de processus de recyclage des équipements numériques des étudiant.e.s dans les logements CROUS.

L’ANEIC demande à ce que les notions de recyclage des équipements numériques soient abordées dans les cours de culture numérique.

L’ANEIC demande la mise en place d’UE libre spécifiquement dédiée à la sobriété numérique. 

  • Impact sociétal

La fabrication et la consommation de nos outils numériques a également un impact fort sur les sociétés. 

Tout d’abord, au sujet de l’extraction des matières premières, le travail illégal et forcé de populations, le plus généralement pauvre et souffrant du changement climatique, n’est plus à prouver. L’UNICEF estime à 40 000 enfants le nombre de jeunes filles et garçons travaillant comme mineurs artisanaux en République Démocratique du Congo. Ces matières premières servent ensuite majoritairement à la fabrication de nos outils numériques. Les conditions de travail en sont même alarmantes.

L’extraction des matières premières amènent également à la pollution des sols, tant il devient complexe de les trouver. Tous ces éléments impactent fortement l’environnement déjà fortement fragilisé par les autres activités humaines dans des pays sous-développés et souvent en tension géopolitique. Cela amène parfois même le financement de conflits armés, tant il devient compliqué de trouver ces matières. Certains États et entreprises n’hésitent pas à soutenir certains groupuscules afin de récupérer les matières premières présentent dans leurs secteurs. Les réglementations sont de plus en plus fortes et cadrent l’extraction mais ne règlent pas toutes les problématiques du terrain.

Quant à la fabrication, elle pose principalement des problèmes d’exploitation des populations, sous-payés et encore une fois dans des conditions de travail alarmantes. Pour limiter les coûts de fabrication, les entreprises délocalisent et impactent fortement des populations fragiles.

Le recyclage est tout aussi impactant sur les sociétés, avec la création de décharges à ciel ouvert, à cause du manque de communication et de lieux où recycler les équipements numériques.

L’ANEIC demande la mise en place d’une communication publique sur la façon de recycler ses équipements personnels.

L’ANEIC demande à ce que les conditions de fabrication des équipements numériques soient un paramètre nécessaire dans les appels d’offres des universités en lien avec le numérique.